La modélisation du transport solide est un problème loin d'être résolu analytiquement. Les problèmes des écoulements turbulents, majoritairement responsables du transport et de la mise en suspension des particules n'étant pas encore entièrement détaillés, l'approche adoptée et les modèles mis au point ont souvent été empiriques. Comme nous l'avons précisé précédemment, il convient de distinguer deux types de transport solide:
-transport des particules en suspension.-transport par charriage.
Contrairement au mode de transport des particules en suspension, le transport par charriage fait intervenir des particules plus grosses. Celles-ci se déplacent sur le fond en glissant ou en roulant. Il existent dans la littérature de nombreux modèles de transport solide par charriage. Nous ne présenterons ici que les plus connu et ceux qui sont en relation avec SYSIPHE, le code de calcul que nous aurions voulu utiliser pour la modélisation.
1/Les modèles déterministesLes modèles déterministes donnent un débit solide en fonction des conditions hydrauliques et des caractéristiques géométriques des grains. L'équation de Meyer-Peter (1948) en est un des meilleurs exemples. Cette formulation est utilisée par SISYPHE Il s'agit d'une relation empirique, testée en écoulement permanent et sa forme simplifiée est:
La formule de Meyer-Peter fait intervenir un cisaillement
critique au-dessous duquel le transport solide est nul. Cette idée
de seuil nous ne retrouverons pas dans le modèle d'Einstein (brièvement
explicité ultérieurement). Les conditions de validité
de la relation de Meyer-Peter, portant sur la hauteur d'eau, la pente du
fond, le diamètre des grains et la densité des particules
sont les suivantes:
Il s'agit, tout de même ici de la forme simplifiée de la formule de Peter-Meyer. Cependant, les explications précédentes nous permettent de comprendre les modèles utilisés par les codes de calcul pour la détermination du transport solide.
2/Les modèles statistiquesCes modèles sont basés sur une approche probabiliste des phénomènes. Le plus connu est le modèle d'Einstein. Il s'agit d'un des premiers modèles à faire intervenir la turbulence et les distributions de fluctuations en termes stochastiques. En effet, à partir des considérations hydrodynamiques locales, ce modèle permet d'arriver à une approche globale.
Pour l'établissement de ce modèle, les cinq hypothèses suivantes ont été utilisées:
-La mise en mouvement d'une particule par un écoulement dépend de la géométrie de la particule et des conditions locales de l'écoulement.Pour obtenir le débit solide recherché, Einstein a utilisé le raisonnement suivant:-Une particule est mise en mouvement une fois que la force de portance exercée sur la particule sous l'action de la houle est supérieure au poids immergéde la particule.
-Une fois la particule en mouvement, la probabilité pour qu'elle s'arrête est la même en tout point de l'écoulement, sauf aux endroits où l'écoulement possède les propriétés nécessaire pour la mise en mouvement de la particule en question.
La distance parcourue par une particule entre deux points d'arrêt est indépendante des conditions hydrauliques de l'écoulement, de l'intensité du transport solide et de la composition du lit. Pour une particule sphérique, cette distance est une fonction linéaire croissante du diamètre.
-Deux paramètres sont définis :
1. Le temps d'échange- temps nécessaire pour une particule érodée d'être remplacée par une autre particule2. La probabilité d'échange- probabilité pour une particule d'être érodée.
On considère n sections de longueur L ( longueur moyenne des
bonds d'une particule, supposée constante), de largeur unité,
possédant N grains et situées à l'amont d'une section
de référence. Le débit solide est obtenu en considérant
le flux des particules traversant la section de référence
pendant le temps d'échange. Si Pn est la probabilité qu'une
particule ait été érodée n fois pendant le
temps d'échange, le transport solide s'écrit:
En exprimant la probabilité pour qu'une particule ait été
érodée n fois, en fonction de la probabilité d'échange,
prise comme une variable gaussienne, Einstein obtient:
Ce qui conduit à:
La difficulté de cette formulation réside dans la détermination de la probabilité d'échange. Cependant la prise en compte des structure de turbulence à la paroi peuvent aider à mieux définir les paramètres comme le temps d'échange et la probabilité d'échange.
Avec le modèle d'Einstein on retrouve à peu près
les mêmes résultats qu'avec la formule Meyer-Peter, mais sans
seuil de débit.
retour
Comme, malheureusement nous n'avons pas eu le
temps de découvrir plus le code de calcul SISYPHE, dans cette partie
nous avons expliqué de manière succincte la formulation de
la relation simplifiée de Meyer-Peter, utilisée par ce code
de calcul. Nous avons voulu aussi, donner une brève explication
mathématique des phénomènes de charriage que nous
avons décrit en détailles dans les deux parties précédente.